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A la découverte des passionnés avec... Marc Gachet

  • Ouest Bus
  • 28 févr. 2022
  • 4 min de lecture

Lors des Journées du Patrimoine 2021, l'autobus Chausson de Auto Retro Nantes Océan s'exposait aux côtés de la collection Omnibus Nantes et celle de Nantes Métropole.

A cet effet, la présence d'un passionné des transports en commun et ancien salarié de la CNTC puis de la SEMITAN, n'est pas passée inaperçue. Marc Gachet a été mis à l'honneur dans les médias (lien Ouest France en cliquant ici).

En 2009, Ouest Bus (dans sa précédente version) l'avait rencontré. Focus sur cet entretien de treize ans d'âge, avec un vrai passionné du coin !


A peine entré, le ton est déjà donné : un ancien distributeur de titres de transport présent en station de tram nous accueille, avant de monter les quelques marches conduisant vers la pièce de notre hôte... et pas n'importe quelle pièce puisque pour tout passionné de transports urbains routiers, il s'agit d'une véritable mine d'or !

C'est sur la commune de La Marne, dans son "musée" personnel que Marc Gachet nous accueille, et quel musée ! Des bus et cars miniatures de diverses échelles à n'en plus finir, exposés dans de belles vitrines... une multitude de reliques en rapport avec les réseaux TAN et Lila, comme des girouettes, des schémas de ligne, un ancien poteau d'arrêt "Gachet" (pas de hasard !)... des dizaines et des dizaines de photos au mur, représentant des bus, des trams, des cars... des calandres d'autocars Setra... entres autres ! Mais comme toute mine d'or possède ses secrets, inutile de tout révéler tout de suite et parlons un peu de Marc Gachet.


Marc Gachet est né en 1946. Passionné depuis son enfance par les autobus il intègre la CNTC en 1965 en tant que receveur. Il obtient le permis D en 1967 puis il devient conducteur sur de nombreuses lignes urbaines et suburbaines du réseau jusqu'en 1976. Puis Marc deviendra contrôleur de route ; après un passage au PCC il deviendra chef de lignes pour l'Unité de Production de Trentemoult-Trocardière avant une retraite bien méritée en 2004. Durant sa carrière il a aussi effectué ponctuellement quelques services de conduite chez des transporteurs par autocar.

En parallèle, Marc consolide sa passion et garde tout ce qui et en rapport avec les transports urbains nantais ; il réalise aussi beaucoup de photos et renforce une très belle collection de modèles réduits.

Mais, l'intéressé saura davantage nous transmettre son savoir et nous parler de lui, via cet interview.

Marc, racontez-nous votre carrière dans le transport routier de voyageurs : Etant exempté de service militaire , je suis entré à la C.N.T.C le 16 mars 1965 , j’avais à peine 19 ans puisque je suis du mois d'avril. J’ai donc débuté par être receveur en doublage le 1er jour sur la ligne 30 à la Morrhonnière dès 5h45 sur l’autobus Chausson numéro 351, impressionné de me retrouver face à la clientèle. Le doublage des lignes durait environ une semaine sur les deux dépôts. Ensuite je me suis retrouvé affecté sur la ligne 11 "Crémetterie - Vieux Doulon" et 11 barrée "Zola - Dalby" en service du soir en 2 vacations , puis sur les lignes 41 Lion d’or - Val d’or" et 42 "Bouvardière - Sèvres". En 1966 j’optais pour les services du matin sur les lignes 21 et 22. Je suis resté receveur jusqu’à mes 21 ans, âge requis pour passer le permis D. Début mars 1967 je commençais les leçons de conduite à bord de l’autobus Chausson APH 2.50 numéro 200 puis sur les autres véhicules écoles de l’époque : les 225 et 227. Je passais mon permis le 31 mai 1967. Commençait alors le doublage sur les lignes avec un autre conducteur pendant une semaine et demie, puis j’ai débuté seul sur la ligne 41. Pour être titulaire du poste de conducteur il fallait 150 jours de conduite alternée avec des journées de receveur. Début 1968 je me portais volontaire pour rouler en service agent seul sur la ligne 24 "Roche Maurice - La Janvraie - Chapeau Verni" puis sur les lignes extérieures : la Y "Nantes - Bouguenais - La Montagne", et la Z "Nantes - Basse Indre - Couéron". J’obtenais aussitôt un service de remplacement sur ces lignes, et ce jusqu’en 1974 sur différents roulements En 1974 j’ai opté pour les lignes urbaines en services de remplacements sur les lignes 40 et 62 : la 40 avec les SC 10 U puis la 62 agent seul avec les chausson jaune & bleu, puis enfin sur les 21 et 22 . En service aussi sur la ligne 40 en 1975 puis en 1976 sur la ligne 56 "Tillay - Malakoff" qui fut ma dernière en temps que conducteur. Je passais cette année là le concours de contrôleur et dès le 1er juillet 1977 j’exerçais ce métier de contrôleur de route jusqu’en 1979 où j'acquis un poste de station en remplacement sur Commerce et St Nicolas : poste que j’ai occupé pendant un an avant d'être affecté au Commerce. En 1985, avec l’arrivée du tramway, nous tournions sur les stations Commerce, St Nicolas et Haluchère. Puis j'effectue un passage très court au PCC : un poste qui ne me convenait pas du tout. En 1988 je postule pour le poste de chef de lignes et je suis muté à Trentemoult jusqu’à ma fin de carrière : je me suis occupé des lignes 42, 37, et les Circuits de nuit avant de prendre la partie affrêtée du sud loire : les lignes 88, 89, 94, 97, 98 et 99. Je termine le 26 mars 2004. En dehors, j’ai fait beaucoup d’extra chez les transporteurs : Voyages Hureau à Basse Indre , Voyages Ringeard à Rezé et Touvois, Voyages Ripoche et Autocars Groussin à Saint Philbert de Grand Lieu jusqu’en 1989, surtout pour la conduite sur des services scolaires.

Les métiers de la CNTC puis de la SEMITAN ont-il beaucoup évolué durant votre carrière au sein de l'entreprise ? Oui effectivement entre 1965 et 2004 beaucoup de changements. La disparition des receveurs dans les autobus , le conducteur devenait au fil des années un conducteur-receveur : cela à commencé en 1963 avec la ligne "23 Roche Maurice – Léon Bureau" puis, en 1967 la ligne 40, jusqu'en 1977 sur les lignes 32 et 34. Un grand changement avec l’arrivée du tramway en 1985 et l’évolution continue tout le temps. Les contrôleurs de route et stations connaissent eux aussi des changements avec en 1979 la création des chefs de lignes, responsable d’un groupe de lignes du réseau, puis le nouveau métier régulateur au PCC. La conduite aussi évolue avec le tramway et les autobus articulés. Selon vous, les métiers de la SEMITAN sont-ils plus difficiles aujourd'hui ? Pour moi on ne peut pas dire plus difficile, seule les mentalités ont changé. La conduite est moins fatigante avec les boîtes de vitesse automatiques ; certes il y a bien plus de circulation. Cependant il y a moins d’heures hebdomadaires de travail, les jours de repos sont aussi plus rapprochés. Avant il fallait travailler 6 jours sur 7 avec un Dimanche toutes les 7 semaines ! Aujourd’hui nous parlerons plus de fatigue nerveuse dûe au stress. Avez vous des souvenirs marquants au sein de la CNTC puis de la SEMITAN ? Le premier reste l’obtention de mon permis D : je réalisais mon rêve d’enfant, celui de conduire un bus Chausson. Il y a aussi ma première collision avec une voiture, j’étais vexé au fond de moi (c’était avec le 224 sur un service des Batignolles ). Autre rêve aussi, rouler sur les lignes extérieures Y et Z qui a été une période marquante pour moi. Ensuite, en 1973, la prise en main des premiers Mercedes O 305, des autobus que j’avais découvert avant dans une revue, puis l’arrivée des premiers articulés que je n’ai pas conduit en exploitation puisque je venais d’être nommé contrôleur. Je retiens aussi ma nomination au poste de contrôleur de station, métier que j’ai beaucoup aimé pour le contact avec les conducteurs et la gestion du temps réel : pas un travail de routine, puisque chaque jour était différent. Et enfin le passage par Responsable de lignes surtout mes 10 dernières années avec l’affrêtement. Vous avez conduit ou vu circuler de nombreux types de matériel roulants. Avez-vous des préférences envers un ou plusieurs véhicules en particulier ? Oui, dans ma vie professionnelle j'ai eu l'occasion de conduire et tester pas mal de véhicules différents, notamment tous les types de Chausson au début, puis une majorité des bus et trams de la SEMITAN ainsi que les autocars des sociétés dans lesquelles j'ai travaillé. Mes préférences vont aux Chausson, puis aux Setra dont les SG 180 M. Il y a aussi les Mercedes en tous genres et, un bon souvenir avec le Mégabus de démonstration. Vous avez participé activement à la rénovation lourde des autobus articulés Heuliez Mercedes O 305 G, notamment à l'élaboration du bus 761, prototype. Racontez-nous en quelques mots cette expérience. J’avais été choisi par mon responsable d’exploitation avec un groupe de conducteurs pour préparer la rénovation du 761 qui allait aussi être appliquée à la série de bus allant du 777 au 796. Ce fut une expérience intéressante avec beaucoup de discussion avec les conducteurs participants, avec visite de la rénovation à Dalby, et grâce aux avis des conducteurs il a été question de la sécurisation du poste de conduite en installant la cabine des GX 44. Parallèlement à votre métier vous êtes un passionné, détenteur d'un véritable petit musée. Présentez-nous brièvement votre collection. Ma collection, c’est 1150 autocars et autobus de tous types et de toutes échelles confondues ; mais aussi 650 véhicules d’incendie , les taxis du monde, et les véhicules de la Poste. Un total de près de 2000 unités. D'où vous vient cette passion des transports urbains ? Je suis né près de l’ancien dépôt de bus de Dalby, et après la guerre mes parents sinistrés ont été relogés à la Crémetterie d’où je prenais le bus pour aller chez mes grands parents le jeudi et dimanche. J'allais à Dalby, donc ma mère me conduisait au Repos de Chasse et m’installait près du receveur ( je n’avais que 5 ans) et ma grand-mère m’attendait à l’arrivée ; j'étais connu de tous les conducteurs et receveurs de la ligne A de l'époque et au terminus je tournais les bandeaux de destination, d'ailleurs sur les Renault 215 D le conducteur me prenait sous les bras pour me monter sur le pare-choc , puis il m’installait au volant pendant le temps de régulation , depuis ce moment je suis dans l’air des transports en commun et j’en ai fais mon métier . Grâce à Internet, les passionnés peuvent se retrouver grâce à des sites web ou des forums. Que pensez-vous de ces points de ralliement des amateurs de bus, tram et autres moyens de transport de voyageurs ? Que les passionnés se retrouvent est une bonne chose, mais ils ne doivent pas dériver dans le secret professionnel qui pourrait porter atteinte aux personnels exécutifs des entreprises de transport. Je trouve positif l’échange de documents techniques et photographiques.

Revenons maintenant sur ce mystérieux "musée" évoqué plus haut. Marc l'a indiqué, la collection est composée au total de 2000 véhicules, et plus particulièrement, pas moins de 1150 bus et cars de diverses échelles, de diverses modèles : Mercedes, Setra, Renault, APTS, MAN, Saviem, Berliet, Solaris et d'autres : la diversité est aussi impressionnante que l'ensemble de cette collection de modèles réduits, présentés dans un univers réellement magique pour tout amateur !

Si ce musée est consacré en large partie aux transports en commun d'un peu partout, une très belle place a été laissée aux réseaux de Loire-Atlantique.

Le réseau TAN en tête, avec des bus miniatures rappelant l'histoire de la CNTC puis de la SEMITAN, avec des bus et des décorations d'hier et d'aujourd'hui : du Chausson APH 2.522 à l'articulé Mercedes Citaro G, la liste est longue ! Chacun peut réellement s'attarder sur de superbes répliques, comme les Saviem SC10 U, Berliet PR100 Mi, Setra S 140 ES et Mercedes O 305 en livrée orange et verte. Nous allons ainsi de surprises en surprises...

Les autocars du département sont aussi de la partie puisqu'on peut apercevoir une belle composition du parc des Autocars Groussin composé de Berliet, Renault et, bien évidemment, de Setra en tous genres, avec des livrées Groussin de tous types, mais aussi certains cars abordent la découpe Atlantic' ou encore Lila. La CTA est aussi représentée avec des autocars aux couleurs des lignes régionales.

Marc s'est en effet confectionné des véhicules des entreprises locales dans son propre atelier dans lequel il adapte si besoin les modèles (nombre de portes, vitres...) et leur décoration. Un travail précis et minutieux qui peut prendre plusieurs jours pour un seul et unique autocar.

Au-delà des cars et bus locaux (et aussi parfois de véhicules de police) la collection de modèles réduits comprend des exemplaires plus conventionnels avec par exemple des Setra S 431 DT, des Mercedes O 405 N, des Renault Iliade... inutile de préciser qu'avec tous ses véhicules, Marc pourrait créer une belle régie et un beau réseau de transports !


Ensuite, le lieu est tout aussi bien garni de photos. Il y en a à peu près partout, sur tous les murs. Majoritairement, elles évoquent le réseau TAN mais aussi des autocars du département. On trouvera ici et là des posters, un poteau d'arrêt de bus "Gachet" des lignes 72 et 76, mais aussi une girouette à pastilles, une autre à film, puis des logos de grandes marques d'autocars, des calandres de Setra, des plans de ligne, des dizaines et des dizaines de classeurs remplis de photos...

Une authentique salle au trésor comme il en existe finalement peu... une salle au trésor qui laisse rêveur. Marc ne peut que se féliciter d'avoir pendant de nombreuses années, conservé et contribué à l'évolution de ce musée, de son musée.

C'était il y a environ treize années ; Ouest Bus renouvelle ses remerciements à Marc (et sa femme Jacqueline) pour l'accueil.



Crédits photos : Marc Gachet, Kévin Lemoing




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