Eté 2010 : MAN of style
- Ouest Bus
- 21 janv. 2022
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 févr. 2022
Plusieurs constructeurs diverses et variés ont équipé les parcs de l'exploitant principal et de ses partenaires affrétés. A l'été 2010, une marque qui manquait cruellement, s'impose et débarque en force chez CTA : l'allemand MAN. Focus sur ce renouvellement de parc à grande échelle qui aura marqué les esprits et le réseau, chez l'un des transporteurs sous-traitant.

Contexte
Revenons en arrière, au début de l'année 2010. La SEMITAN remet en jeu l'allotissement des services affrétés. La part des lignes sous le giron de la sous-traitance augmente, les moyens utiles également.
Le parc des sociétés affrétés se modernise doucement mais sûrement. Des hordes de bus à plancher haut, incarnés en partie par les GX 44 en fin de vie, sévissent encore sur les renforts scolaires et les lignes régulières. Le nouveau marché sera l'occasion de renouveler tout ou partie des parcs moteurs.

La CTA (Compagnie des Transports de l'Atlantique) postule pour conserver l'exploitation de ses lignes, mais espère également obtenir celle des lignes 27, 47, 81 et E1.
La filiale, qui est encore sous le drapeau de Veolia Transport, casse sa récente fidélité à Mercedes pour la fourniture d'autobus et choisit MAN. Le marché n'est pas anodin puisqu'il est question de la réception pour une mise en service à la rentrée 2010, de la bagatelle de 21 bus standards !

En plus de renforcer le parc en vue de l'obtention de nouveaux services, les véhicules neufs fournis par MAN pousseront vers la retraite les huit Heuliez GX 44 restants, ainsi que l'un des Renault PR 100.2 à bout de souffle ; autant d'autobus à plancher haut qui seront mis de côté.
Outre le grand nombre de bus neufs, c'est surtout la percée inédite de MAN qui est notable. Retour sur quelques éléments d'histoires, succincts, liant le constructeur à la ville de Nantes.
Petite histoire
Sur le réseau urbain local d'avant 2010, le constructeur Maschinenfabrik Augsburg-Nürnberg équipait de moteurs les célèbres articulés Setra SG 180 M, les Saviem SC10 U et les Renault S 105R et RX ayant sillonné le réseau durant les années 70 à 90.

Notons tout de même l'apparition un MAN SL 202 de Sarrebruck sur les lignes 21 et 23 : c'était en l'an 1991 lors d'un échange d'autobus dans le cadre du jumelage de Nantes et de la ville de la Sarre (le réseau TAN avait prêté son GX 44 n°530). Aussi, la SEMITAN avait reçu en cadeau, un autobus articulé du réseau Die Saartal Linien de cette même ville : le MAN SG 192 n°823. Non homologué pour circuler en France, il n'apparaîtra jamais sur le réseau TAN et naviguera entre le remisage de Trentemoult, les anciens abattoirs de Rezé, avant d'être détruit en 2009 (destin aussi terrible qu'irrespectueux pour un cadeau).
MAN a également présenté ses véhicules lors d'appels d'offres de renouvellement de parc. En juin 2005, 3 véhicules du constructeur (un MAN NL 243 GNV, un MAN NG 313 et un MAN Lion's City) débarquent pour exposer leurs atouts. En vain : puisque Heuliez fournira des GX 327 et Mercedes, des Citaro articulés.

Puis il y eut l'éphémère circuit Nantes City Tour : trois bus à impériale MAN aux couleurs différentes (un SD 200 et deux SD 202) furent missionnés deux étés de suite. L'exploitation était à la charge de la SEMITAN. Le succès espéré ne fut malheureusement pas au rendez-vous.

Enfin, lors de l'incendie de son dépôt durant l'été 2008, le transporteur Chantreau s'est retrouvé privé de neuf autobus dominés par les flammes. Chantreau a loué plusieurs autobus dont un MAN Lion's City T, modèle suburbain en configuration Low Entry. Il a circulé sur la ligne 94.
La CTA lance l'histoire nantaise de MAN
Fin 2009 et début 2010, la CTA alors exploitante des lignes 33, 74, 84, 88, 93, 98, 99, teste deux véhicules : un Volvo 7700 et un MAN Lion's City. Le but ? Choisir le matériel qui mettra un terme à l'épopée des plus vieux coucous à plancher haut.
MAN remporte les suffrages : 21 autobus maximum seront réceptionnés pour l'exploitation à la rentrée 2010. Il s'agit de MAN Lion's City à moteur vertical (pour les puristes qui adorent les détails et parler avec les termes les plus techniques possibles pour faire bien, il s'agit de la version nommée "A37"). Ils disposent de 3 portes, à ouverture classique à l'avant, et coulissantes extérieures au milieu et à l'arrière. Ce choix est calqué sur la configuration des derniers autobus standards et articulés de la SEMITAN, adoptant peu à peu ce système d'ouverture.
La CTA conserve la majorité de ses acquis et remporte plusieurs lignes (la ligne 81 et la ligne E1, cette dernière au détriment de Kéolis Atlantique), confortant ainsi sa percée sur le réseau TAN. La commande portera bien sur 21 bus et 4 supplémentaires en option pour septembre 2011.

9 août 2010 : le premier MAN du nouveau cru est réceptionné au dépôt CTA situé alors rue de la Marseillaise à Nantes. Tout de blanc vêtu, il s'agit du futur bus qui portera le n°9072 pour le réseau TAN, et le n°7840 en interne (numérotation propre aux filiales Veolia Transport).
Cette "tête de série" est déjà équipée de ses girouettes (Hanover à LED) à l'inverse des vingt suivants : l'installation de ce matériel sera opéré directement par le service technique de la société.
Les suivants, d'ailleurs, débarquent à rythme soutenu par la route. Ils sont stockés sur le dépôt de La Montagne. Ils sont équipés et décorés sur place.
Le dimanche 22 août, branle-bas de combat : les 19 bus déjà réceptionnés sont transférés vers leurs dépôts respectifs (Nantes et Couëron).

Le lendemain le lundi 23 août 2010, c'est la rentrée sur un réseau TAN riche en nouveautés (restructuration des dessertes d'Orvault, nouvelle répartition des lignes affrétées, régression de la ligne 23 hors jours scolaires avec des bus standards à la place d'articulés). A une exception près (le bus n°599 chez Querard), tous les GX 44 ont quitté le réseau. Ceux de CTA ont été ainsi poussé à la réforme par la vague de Lion's City : le GX 44 n°8257 est conservé par la nouvelle association Omnibus Nantes (il redevient le bus n°606).
Les MAN Lion's City effectuent leur baptême de feu sur les lignes 81, 91 et E1.
La ligne 81 "Mendès-France Bellevue <> Gare Maritime", dont l'exploitation est transférée de la SEMITAN à la CTA, troque ses bus au GNV contre des bus au diesel neufs. La ligne 91 "Mendès-France Bellevue <> Couëron Bougon / Couëron Bac" abandonne ses Citaro, tout comme la lligne E1 "Gare Maritime <> Mairie de Couëron" qui a quitté Kéolis Atlantique.
L'effectif est complet les jours suivants. La série est numérotée pour le réseau TAN, du bus n°9072 au bus n°9092. Douze bus sont pour les lignes de Couëron, neuf pour celles de Nantes. Ainsi ils sont prioritairement affectés aux lignes 81, 91 et E1, mais également sur les lignes 84 et 93 et les renforts scolaires si le stock le permet. Aucun MAN Lion's City n'est affecté au sud-loire.

Le déverminage se passe bien, les bus Lion's City font preuve de fiabilité, de souplesse malgré un manque de pêche au démarrage. Ils ont aussi tendance à perdre facilement les enjoliveurs ! Cependant ils apportent entière satisfaction à tous les niveaux, que ce soit pour les voyageurs comme les conducteurs.
La confirmation

A l'échelle locale, cette mise en service simultanée de 21 autobus neufs est une belle prouesse. La CTA a su démarrer son nouveau contrat sous les meilleurs hospices : investissement payant et gagnant ! Le taux d'accessibilité du parc d'autobus urbains de l'entreprise - et des affrétés en général - a augmenté.
Ainsi, en février 2011, la CTA propose une réception à proximité de son site de Couëron. MAN est de la partie. Deux autobus Lion's City (les 9078 et 9079) sont exposés et se laissent conduire par les curieux munis du permis adapté (conducteurs CTA, agents SEMITAN). Aussi, un MAN de démonstration, un Lion's City en version hybride, est présenté et effectue des tours de roue pour témoigner de son confort et de sa circulation en silence.

Satisfaite des MAN Lion's City, la CTA passe commande de quatre exemplaires supplémentaires pour la rentrée 2011 (bus TAN n°9093 à 9096, numérotation CTA allant du n°7874 au 7877). Une légère évolution intègre les loupiotes au-dessus des portes : ajout bienvenu pour la desserte de l'arrêt isolé "Rochu" sur la ligne 91, sur un axe accidentogène.

Notons également une anecdote (une de plus sur Ouest Bus !) : durant quelques périodes estivales, la CTA expédiait un MAN Lion's City sur l'Ile de Noirmoutier pour l'exploitation des navettes Gratibus. Le bus n°9092 avait ouvert le bal. D'autres exemplaires se sont relayés d'un été à l'autre.
Et aujourd'hui ?
La CTA dispose non plus de 25 mais 24 MAN Lion's City, le bus n°9096 ayant été réformé en 2020 suite à un grave accident.
Les Voyages Querard avaient acquis deux exemplaires neufs en 2013 (bus n°5044 et 5045).

Depuis 2020, des exemplaires au gaz naturel sillonnent les lignes exploitées par Kéolis Atlantique (13 unités en configuration de moteur "A21", horizontal) , Brodu et Querard (12 unités en configuration "A21" également). Ils sont prioritairement visibles sur les lignes 42, 75, 87 et 89.
Ainsi MAN a fait des émules au sein du réseau TAN et des affrétés. La SEMITAN, qui avait testé un articulé Lion's City au GNV il y a quelques années, n'a pas donné suite et s'est orienté vers Iveco.
En conclusion - et toujours à l'échelle de l'agglomération nantaise, l'opération de l'été 2010 reste encore inédite : aucun transporteur affrété n'a procédé à une mise en service d'aussi grande ampleur... au moins jusqu'en 2022, voire même jusqu'à 2030, date de démarrage du prochain marché !

Crédits photos : webmestre Ouest Bus, Kyliann Martin
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